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CHAPITRE XVII


COUP D’ŒIL RÉTROSPECTIF. — PREMIÈRE ANNÉE.


Lorsque George Bertram était reparti pour Londres après la petite conférence tenue dans le boudoir de mademoiselle Baker, il ne s’était pas senti de très-bonne humeur. Il avait causé en route, car il voulait dissimuler son chagrin ; mais Harcourt avait bien jugé, à l’amertume de son ton, qu’il s’était passé quelque chose. Une dizaine de jours s’écoulèrent sans nouvelles, puis George écrivit à Caroline une lettre pleine de bons arguments et surtout pleine de tendresse, où il tâchait de l’ébranler dans sa résolution. Sa lettre était énergique, sinon éloquente. Il travaillait, dirait-il, aussi rudement qu’homme pouvait travailler, et cela afin d’obtenir Caroline. Il savait parfaitement que son ardeur au travail ne lui venait que de cette seule pensée : qu’il se croyait le droit de la regarder comme sa femme. Il était reconnaissant à Caroline de lui fournir un aussi noble et un aussi nécessaire encouragement ; et il ajoutait que, depuis qu’il se sentait engagé