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riche, calme et laborieux, ce même M. Die auquel il avait adressé dans le temps son ami Bertram. Chacun de nous a quelque vieil ami paisible et confidentiel du genre de M. Die, — quelque bonhomme, silencieux d’ordinaire, qui connaît le monde, dont l’expérience est vaste, et qui, sans avoir réussi à parvenir lui-même, aide volontiers et utilement les autres à réussir. Chacun de nous, dis-je, a un ami de ce genre, et M. Die était l’ami de M. Harcourt. Il était considéré comme un Tory, un Tory de la vieille école, de l’école de lord Eldon, mais Harcourt savait que son jugement n’en serait pas moins impartial. Un avocat, qui a cinquante ans d’exercice, ne se laisse pas influencer par ses prédilections personnelles.

M. Die comprit bien vite la situation. Son jeune ami Harcourt entrait au parlement avec l’idée bien arrêtée de devenir au plus tôt solliciteur-général. Il pouvait y parvenir de deux manières : il pouvait être le solliciteur-général des Whigs, ou bien celui des Tories. Le choix en était à peu près indifférent à M. Harcourt, et M. Die ne s’en préoccupa nullement en formulant ses conseils.

Il va sans dire que personnellement M. Die regardait le rappel de la loi des céréales comme une invention diabolique. Il était assez vieux pour avoir vu jadis du même œil la réforme parlementaire et l’émancipation des catholiques. Si vous eussiez pu mettre à nu l’esprit de M. Die, vous y auriez trouvé la conviction bien arrêtée que le monde approchait lentement de sa fin et que cette catastrophe était amenée par des mesures