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aucune révolution, — n’est assez en abomination à un Tory anglais pour qu’il ne puisse, à la rigueur, en prendre son parti. Toute pilule de ce genre peut s’avaler, à la condition de boire largement en même temps à la source du pouvoir. C’est là un fait politique désormais acquis, et il y a pour le parti tory un grand avantage à ce que la capacité de son gosier soit ainsi reconnue. Quelle que soit la chose que désire le peuple, — des sénateurs juifs, du blé à bon marché, le vote au scrutin, l’extension du suffrage, n’importe quoi, — ils l’obtiendront des Tories si les Whigs ne peuvent la lui donner. Le malheureux chef d’un cabinet whig n’a que les libéraux pour l’appuyer, mais un Tory réformateur sera soutenu par tout le monde — si ce n’est par le petit nombre de délicats que son improbité politique aura révoltés.

Si Harcourt avait quelque prédilection, c’était pour les Whigs ; mais il n’était pas assez naïf pour permettre à ses prédilections de nuire à ses intérêts. De quel côté voyait-il l’ouverture la plus favorable ? Les Tories — j’aime mieux ce titre vague que celui de conservateurs qui implique un mensonge — les Tories étaient, il est vrai, au pouvoir ; mais par cela seul qu’ils y étaient, ils étaient menacés d’avoir à en sortir. Puis ils étaient, comme de juste, pourvus de solliciteurs généraux, d’avocats généraux et de fonctionnaires légaux de toute sorte. L’avenir était peut-être aux Whigs.

En cet état de choses, Harcourt alla consulter son ancien ami M. Die, le vieil avocat de chancellerie,