Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Cela, c’est la moindre des choses, George, — la moindre des choses.

— Et ce serait tout. Combien de milliers de ménages vivent à Londres, pensez-vous, avec un revenu moindre que celui que nous aurions ?

— Bien des milliers, sans nul doute. Mais est-il beaucoup de ménages, en est-il un seul, qui soit heureux avec cette fortune, quand le mari a été élevé comme l’a été M. George Bertram ?

— À mon avis, Caroline, vous n’y entendez rien. Ce sont sans doute vos amis du soi-disant grand monde de Littlebath, qui vous auront donné cette panique au sujet de l’argent.

— Je n’ai pas d’ami à Littlebath avec lequel je daignerais parler de cette affaire ; je n’ai que ma tante Mary, dit Caroline d’un ton légèrement offensé, mais sans trop de colère.

— Et vous, tante Mary, qu’en pensez-vous ?

— Mon Dieu ! moi, je suis de l’avis de Caroline ; réellement je suis tout à fait de son avis.

— Je comprends, elle vous aura persuadée. (Ceci était vrai.)

— Oserai-je vous demander, mademoiselle, la date que vous daignez fixer maintenant pour notre mariage ? dit Bertram d’un ton moitié fâché, moitié railleur. (Il sembla à Caroline que le ton fâché dominait.)

— Le lendemain du jour où vous serez reçu avocat, monsieur Bertram ; à moins toutefois, que vous ne vous sentiez pas de force à supporter ces deux grands événements arrivant coup sur coup.