Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/278

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soucie comme de l’an quarante de ce que vous en pensez. L’opinion de votre femme, — si jamais vous en avez une, — me sera infiniment plus précieuse.

— Sur mon honneur, Bertram, je n’ai jamais eu moins envie de plaisanter.

— Ce qui n’est pas beaucoup dire, car vous plaisantez toujours. Mais Bertram savait à quoi s’en tenir ; il voyait clairement quelle impression avait produite mademoiselle Waddington, et il en était ravi.

— Et vous avez eu le courage de vous proposer, vous et vos cinq mille livres de rente, à une pareille femme ?

— Ha ! ha ! ha ! Mais je ne vous reconnais plus, Harcourt. Si vous l’admirez par trop, je vous prierai de ne plus revenir à Littlebath.

— Ce serait peut-être prudent. Mon cher Bertram, laissez-moi vous féliciter bien sincèrement. Je ne vois qu’un seul obstacle à votre bonheur futur.

— Lequel ?

— C’est que jamais on ne vous appellera M. George Bertram, mais bien le mari de madame George Bertram. Avec une femme comme celle-là on ne peut pas espérer de jouer le premier rôle. Si vous comptez être lord-chancelier ou secrétaire d’État, vous pourrez y prétendre, mais autrement, vous ne serez jamais qu’un accessoire.

— Bon, bon ; je saurai supporter ce malheur.

La visite d’inspection avait parfaitement réussi et George se coucha et s’endormit dans un véritable état de ravissement. Ce fut dans les mêmes dispositions qu’il