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— Il est impétueux ; mais, si vive que soit sa colère, il pardonne bien vite. Jamais il ne garde rancune, dit Adela, qui pensait à ses anciens rapports avec son camarade d’enfance.

— Il est pourtant bien dur parfois. Je sens que nous finirons par nous fâcher ; puis, quand il verra qu’il ne peut pas l’emporter, que je ne veux pas céder, son orgueil le détachera de moi. J’en suis convaincue.

Adela ne put que lui dire qu’à sa place elle n’attacherait pas tant d’importance à l’argent ; mais ses douces paroles et son éloquence, qui s’adressait plutôt à ses propres sentiments qu’à ceux de son amie, furent sans effet sur Caroline. D’ailleurs, si Bertram n’avait pu la persuader, était-il probable qu’Adela y réussît ?

Harcourt et Bertram arrivèrent sains et saufs à Littlebath. Mademoiselle Baker avait invité Harcourt à dîner, et comme elle voulait faire quelques frais pour lui, elle avait invité un jeune vicaire, et puis encore les demoiselles Gauntlet, tante et nièce.

— Vous prendrez les devants, je pense ? dit Harcourt pendant que les deux amis faisaient leur toilette à l’hôtel de la Charrue. Bertram était déjà fort connu à l’hôtel de la Charrue, où tout le monde, garçons et servantes, savaient à merveille ce qui l’amenait à Littlebath.

— Non, répondit Bertram, je vous attendrai.

— Comme vous voudrez ; je pensais, vous savez, que vous pourriez avoir à exercer quelque charmant privilège d’amoureux auquel les yeux du monde pourraient mettre obstacle.