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La lettre écrite et expédiée, Wilkinson se laissa emmener.

— Et maintenant allons chez Parker, dit Bertram, tu seras bien aise de revoir Harcourt.

— Ma foi non ! J’aime assez Harcourt ; mais pour l’instant, je préférerais ne voir personne.

— Mais lui, il aimera à te voir, ce qui revient au même. Viens donc.

M. Harcourt était un jeune avocat, tout récemment appelé au barreau, qui avait fait sa dernière année à Oxford quand Bertram et Wilkinson étaient nouveaux, et comme, il avait été au même collège que Bertram, une certaine intimité s’était établie entre eux. Il commençait à plaider, et l’on disait généralement de lui qu’il ferait son chemin. À Londres, c’était encore un tout jeune homme ; mais à Oxford, grâce à ses trois années de séjour dans la capitale, il passait pour être très-versé dans la sagesse mondaine. Il venait souvent à Oxford, et, quand il s’y trouvait, passait volontiers son temps avec nos deux amis.

Wilkinson se mit en route avec son cousin, bras dessus, bras dessous. L’épreuve pour lui était rude ; mais quelque chose lui disait que plus tôt il l’affronterait, plus tôt la peine en serait passée. Dans la grande rue ils rencontrèrent une foule de gens qui les connaissaient l’un et l’autre. Il va sans dire que les amis de Bertram le félicitèrent, mais ce ne fut pas tout ; certains furent assez malavisés pour adresser des condoléances à Wilkinson.

— Avale la médecine tout de suite, lui dit Bertram