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— Mais à l’été prochain, je pense. Du moins c’est là mon désir.

— Et votre désir fera loi, sans doute. Je ne pense pas courir grand risque de me tromper en supposant que la demoiselle a une dot considérable ?

— Non pas. Elle a quelque petite chose…. autant que moi, à peu près. Nous aurons du pain.

— Et du fromage de temps à autre, dit Harcourt qui n’admettait pas qu’un homme sans fortune pût se marier de bonne heure, à moins que le mariage ne l’aidât à faire son chemin.

— Et du fromage de temps à autre, répéta Bertram. Voilà qui ne vous conviendrait pas à vous.

— Non certes. Mais les hommes diffèrent beaucoup dans leurs idées sur les femmes. Je saurais, et même je sais très-bien me tirer d’affaire avec un fort mince revenu, étant seul ; mais une femme me paraît, sous de certains rapports, ressembler à un cheval. Si vous voulez absolument avoir un cheval, il faut qu’il soit bien tenu.

— Vous ne pourriez souffrir une femme qui ne serait pas vêtue de satin et de velours ?

— Je ne tiens pas au satin et au velours, — pas plus que je ne tiens à une selle richement ornée pour mon cheval. Mais je crois qu’une femme à bon marché ne me plairait guère. Je m’accommode très-bien des bouts de chandelle et du mouton froid pour mon compte particulier, mais je n’aime pas les économies féminines. Les comptes de blanchisseuse réduits au minimum, une bonne pour tout faire, et une robe sombre pour faire