Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait-il répondu à mademoiselle Baker, je ne me marierai ni plus ni moins, qu’il me le permette ou qu’il me le défende.

Tout ceci désolait ces dames à Littlebath. Il avait été fort peu question d’argent entre mademoiselle Baker et George, et il n’en avait pas été question du tout entre George et Caroline ; pourtant la tante et la nièce savaient fort bien que le mariage n’était possible qu’avec un revenu convenable. Or, le revenu de George, lorsqu’il aurait perdu, grâce à son mariage, son traitement d’agrégé, ne serait que de cinq mille francs ; sa future en avait autant de son côté. Or, Caroline ne comptait pas se marier pour vivre avec dix mille livres de rente. Quant aux études de Bertram, il fallait trois ans au moins pour qu’elles portassent leur fruit.

L’affaire étant arrangée, — du moins à son point de vue, — Bertram confia son amour à Harcourt.

— Savez-vous bien, lui dit-il un jour, j’ai une nouvelle à vous apprendre. Je vais me marier.

— Vraiment ? dit Harcourt, d’un ton qui sembla bien froid à son ami, vu la circonstance.

— Je ne plaisante pas.

— Et qui vous en accuse ? Je ne vous ai jamais soupçonné d’une plaisanterie depuis que vous travaillez chez M. Die, — pas même d’une aussi mauvaise plaisanterie que le serait celle-là. Voyons, faut-il vous plaindre ou vous féliciter ?

— Ni l’un, ni l’autre. Attendez de voir la demoiselle, c’est plus prudent.

— Et à quand le mariage ?