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bien considéré, je ne suis pas tout à fait sûre que….. Enfin ! je n’en dirai pas davantage. Seulement, il me semble que vous êtes plus amoureuse de lui que moi.

Bertram vint dîner. La soirée se passa assez tristement, et l’œuvre de désenchantement marchait à grands pas chez Caroline. Pourtant Bertram, au moment de partir, trouva moyen de lui dire un mot.

— Mademoiselle, si je viens demain matin de bonne heure, après le déjeuner, me recevrez-vous ? Mademoiselle Waddington ne parut rien voir dans cette proposition qui dût troubler sa sérénité, et répondit simplement qu’elle serait chez elle. Les paroles de George avaient été calmes, mais il avait eu dans le regard un je ne sais quoi, qui rappela enfin à Caroline le George Bertram de Jérusalem.

Le lendemain, à dix heures précises, il était à la porte. Caroline avait d’abord insisté pour que sa tante restât avec elle ; mais mademoiselle Baker, toute docile qu’elle était, s’y refusa positivement.

— Comment veux-tu que ce pauvre garçon se conduise ? dit-elle.

— La façon dont il se conduira m’est assez indifférente, avait répondu Caroline. Mais Caroline ne disait pas vrai.

Elle était donc seule au salon lorsque Bertram entra. Il s’avança vers elle, et lui prit la main. Il semblait transformé depuis la veille. Son visage annonçait la détermination ; on sentait qu’il avait devant lui un but, et qu’il était décidé à l’atteindre.