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avait confié que George lui paraissait admirer beaucoup Caroline. Si le vieillard lui eût répondu, ainsi que cela semblait fort probable, que George était un imbécile, et que Caroline et lui se mettraient sur la paille en s’épousant, mademoiselle Baker en aurait conclu que leur mariage lui déplairait. Mais il n’en avait pas été ainsi. — Ah ! avait-il dit, il l’a trouvée jolie ? C’est singulier qu’ils se soient rencontrés. Et mademoiselle Baker en avait tiré l’augure que le mariage projeté lui serait agréable.

Mademoiselle Baker s’était rangée, dès le début de l’affaire, du côté de George. Si elle avait fait un peu d’opposition, il est tout juste possible que l’ardeur de Caroline s’en fût accrue. Dans l’état actuel des choses, celle-ci affecta d’hésiter. Elle n’avait rien à dire contre George ; elle admettait même qu’il y avait beaucoup à dire en sa faveur, mais… En un mot, mademoiselle Waddington n’eût pas été fâchée de savoir au juste quelles étaient les intentions de M. George Bertram l’aîné.

— J’aurais vraiment mieux aimé qu’il ne vînt pas, dit-elle à sa tante, en s’habillant pour le dîner.

— Quelle bêtise, Caroline ! pourquoi ne serait-il pas venu ? Comment pouvais-tu supposer qu’il ne viendrait pas ? S’il n’était pas venu, tu aurais été la première à t’en fâcher. Ne fais donc pas la petite pensionnaire, mon enfant.

— La petite pensionnaire ! Vous devenez bien sévère, tante Mary ! Ce que je veux dire, c’est qu’il ne me semble pas qu’il se soucie beaucoup de moi ; et, tout