George se rassit. « À quoi bon se fâcher, se dit-il, mon oncle dit vrai ; je ne suis pas forcé de revenir et je ne reviendrai pas. » Et il but une gorgée de Porto.
— Ainsi tu as vu Caroline à Jérusalem ? demanda le vieillard après un silence de vingt minutes.
— Oui, elle était avec mademoiselle Baker ; mais qui a pu vous dire cela ?
— Qui me l’a dit ? Mais mademoiselle Baker, apparemment. À leur retour, ces dames ont passé une semaine ici.
— Ici ? dans cette maison ?
— Pourquoi pas ? Mademoiselle Baker vient généralement ici trois ou quatre fois par an.
— Vraiment, s’écria George tout surpris de cette nouvelle. (Pour quelle raison mademoiselle Baker ne lui avait-elle rien dit de cela ? )
— Et qu’as-tu pensé de Caroline ? demanda M. Bertram.
— Ce que j’en ai pensé ? répéta George.
— Tu n’as peut-être pas pensé du tout à elle. En ce cas je serai ravi de mortifier sa vanité en le lui disant. Elle a beaucoup pensé à toi, en revanche ; ou, du moins, elle parlait de façon à me le faire croire.
Cette dernière observation surprit beaucoup George et fut cause qu’il pardonna presque à son oncle la question qu’il lui avait faite.
— Mais oui, j’ai pensé à elle, ajouta-t-il. Du moins, j’ai pensé un peu à elle.
— Oh ! un peu seulement ?
— Je veux dire que j’ai pensé à elle autant qu’on