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prudence. L’avocat en herbe qui veut gagner sa vie, a de quoi s’occuper, je vous en réponds, et vous ne tarderez pas à en savoir quelque chose.

Bertram apprit bientôt par la rumeur publique — car Harcourt ne lui en parla pas le premier — que le nom de son ami était déjà assez connu, et qu’il commençait même à marquer dans cette carrière qu’il semblait si décidé à parcourir jusqu’au bout. Le premier pas était fait : il avait été employé en second dans le grand procès « Pike versus Perch, » et la façon dont il avait fait voir du blanc pour du noir lui avait fait grand honneur.

— Vous avez donc décidément été battu ? lui dit Bertram quand ils causèrent ensemble de cette affaire.

— Oh ! pour cela, oui, mais malgré tout, nous ne nous en sommes pas trop mal tirés. Dès le commencement j’ai bien vu que pas un de ces Pike n’avait pour deux sous de bon droit. Ils étaient trois Pike… Mais je ne vais pas vous assommer en vous racontant tout le procès. Vous en entendrez parler bientôt, car au printemps il doit être porté devant les Lords-justices.

— Vous étiez défenseur de Pike ?

— Oui, en second. J’ai été beaucoup à la peine et fort peu à l’honneur, cela va sans dire.

— Et vous pensez que Perch devait gagner ?

— Mais oui, franchement, entre nous, je crois qu’il avait mille fois raison. Bien entendu, je n’en conviendrais qu’avec vous. Sir Ricketty Giggs était notre chef et je sais qu’il pensait comme moi au début ; mais vers