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consulté mademoiselle Waddington à ce sujet, il n’avait plus parlé d’entrer dans les ordres, et rien ne l’attirait du côté d’aucune de ces autres professions auxquelles il avait quelquefois pensé. Il ne lui restait plus que le barreau. Aussi, quand Harcourt le questionna sur ses projets, il répondit tout simplement qu’il allait se faire avocat.

Mais Bertram ne fut pas aussi franc sur d’autres sujets. Il ne dit pas un mot de Caroline. Harcourt était, sous bien des rapports, un excellent ami, mais il lui manquait cette tendresse de cœur, cette parole sympathique qui attirent les confidences amoureuses. S’il avait des préoccupations de ce genre, il les gardait pour lui, et Bertram fit de même. Il ensevelit son secret bien au fond de son cœur. Il n’en parla ni n’en écrivit à personne, et lorsque son ami lui demanda un jour, en l’air, ce qu’il avait vu en fait de beauté féminine à Jérusalem, il se sentit tressaillir comme si ce sujet lui eût été trop pénible pour en parler.

Les deux amis arrivèrent à Londres vers le milieu d’octobre, et Harcourt déclara qu’il lui fallait de suite reprendre son collier. Dix semaines d’oisiveté, dit-il, c’est plus que ne doit se permettre un homme qui ne peut compter que sur lui-même.

— Et qu’allez-vous donc faire ?

— Ce que je vais faire ? Travailler tout le jour et lire toute la nuit. Je vais m’occuper en détail de tous les procès les plus ennuyeux que je pourrai rencontrer, et lire les volumes les plus indigestes qui aient été écrits sur cette aimable chose qu’on nomme la juris-