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— Aujourd’hui, il doit avoir de beaux appointements.

— Oui, et de belles dépenses. Je ne crois pas qu’il y ait en Europe un endroit où la vie soit plus chère qu’à Constantinople.

— Un Anglais trouve tous les endroits chers quand il ne sait pas s’arranger. Je ne mets pas en doute qu’un Turc trouverait moyen de vivre fort convenablement à Constantinople avec ce qui vous paraîtrait, à vous, un revenu des plus modestes.

— C’est possible.

— Mais à l’heure qu’il est, sir Lionel devrait être Turc en Turquie, Grec à Athènes et Persan à Bagdad.

— Il l’est peut-être ; mais moi, je ne l’étais pas. Je sais que je serai parfaitement à sec, quand j’arriverai à Londres, et j’avais bien espéré, pourtant, ne pas toucher à une certaine somme de huit mille francs que j’y avais laissée.

— Ces espérances-là sont toujours déçues, — toujours. Tous les trimestres je m’alloue ce qu’il me faut pour le strict nécessaire, puis je double la somme pour l’imprévu. — Ma foi, mon cher, je vous félicite de pouvoir faire cette opération.

— Par exemple, mon strict nécessaire est représenté par une bien petite somme ; une somme qui ne conviendrait nullement, — qui paraîtrait ridicule à un neveu de Crésus, comme vous.

— Ce neveu de Crésus devra, si je ne me trompe, se contenter de trimestres de douze cents francs.