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de nouveau le Danube à Pesth, où il séjourna quelque temps ; enfin il passa une dizaine de jours à Vienne, visita Salzbourg, et au jour dit serra la main de son ami dans la grande salle du vieux « Soleil d’or » à Inspruck.

Inspruck est une charmante petite ville. Il n’en est peut-être pas une autre en Europe qui puisse se vanter d’être aussi agréablement située. Édimbourg pourrait lui être comparée, si le chemin de fer qui passe au pied de son château et qui traverse sa vallée était remplacé par une rivière. Mais nous sommes restés si longtemps en Palestine, que nous ne pouvons accorder même un demi-chapitre au Tyrol. George et son ami y passèrent quinze jours. Ils gravirent le Brenner, et de là ils purent contempler l’Italie ; ils firent des excursions dans les Dolomites, ces montagnes aux teintes dorées, habitées par une race qui ne parle ni l’allemand ni l’italien, ni aucun des cent autres dialectes connus en Europe, mais un patois que leur ont légué les anciens Latins. Ils errèrent sur les bords de l’Inn et de ses affluents, et y étudièrent avec étonnement les mœurs curieuses qui persistent encore dans les demeures crénelées de ces pittoresques vallées.

Pendant quelque temps Bertram trouva que Harcourt était le plus charmant compagnon du monde. Il était aussi aimable et aussi bon enfant que sir Lionel, et il possédait, en outre, ce qui manquait évidemment à celui-ci, un esprit cultivé. Bien que Harcourt attachât peut-être autant de prix aux jouissances matérielles que sir Lionel, il tenait du moins à ce que ces jouis-