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la vraie vérité, cette vérité qui m’importe tant. Auriez-vous de l’aversion pour moi ?

— De l’aversion ? Oh ! non pas.

— Ne me dites pas non plus que vous ne m’aimerez jamais… Alors pourquoi ne resterions-nous pas ensemble ? Vous prétendez que vous ne me connaissez pas assez ; quel meilleur moyen peut-il y avoir de nous mieux connaître ?

— Si je voyageais avec vous maintenant, ce serait comme si je vous acceptais pour mon futur mari. Consultez votre propre raison, et voyez… Si je vous permettais de m’accompagner, ce ne pourrait être qu’en qualité de prétendu. Pardonnez-moi si je vous dis que je ne saurais vous accorder ce titre. Je suis désolée de vous faire de la peine, même pour un jour ; mais je suis sûre que plus tard vous me saurez gré de ce que je fais.

— Nous ne devons donc plus nous revoir ?

— Au contraire, il est plus que probable que nous nous reverrons. Votre oncle est mon tuteur.

— Et je ne le sais que depuis les quelques jours que je vous connais.

— C’est fort simple ; jusqu’à présent vous avez toujours été, soit au collège, soit à l’université. Mais vous le savez maintenant. Quant à moi, je compte bien que nous nous reverrons, ma tante aussi l’espère.

— Oui, oui, — nous revoir comme de simples connaissances. Mais jamais je ne pourrai me résigner à cela. Je crois que vous ne savez pas, que vous ne saurez jamais ce que j’éprouve pour vous. Si je vous