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nistre, et je vous réponds que la chose est possible.

— Mademoiselle ! dit George, qui avait définitivement détaché ses regards de la ville pour les reporter sur la rayonnante beauté de Caroline, mademoiselle !

— Eh bien ! qu’est-ce ?

— Vous semblez me ranger parmi les êtres supérieurs…

— En effet.

— Et vous-même, vous vous placez, par comparaison, si bas…

— Non, non, je ne me place point bas. Je suis trop fière pour cela ; je me place seulement bien au-dessous de vous, car je n’ai jamais donné des preuves de génie.

— Eh bien ! — puisque vous le voulez ainsi, — vous vous placez au-dessous de moi. Vous l’avez dit, et je ne vous crois pas capable de dire ce que vous ne pensez pas. Vous ne vous abaisseriez pas jusqu’à me flatter ?

— Non, certes, mais…

— Veuillez donc croire, alors que moi non plus, je ne cherche pas à vous flatter. Je ne vous ai jamais menti jusqu’à présent, et j’ai le droit d’exiger que vous me croyiez. Ce que vous pensez de moi, je le pense de vous. Je suis persuadé qu’une haute destinée vous attend. Il y a en vous un je ne sais quoi, qui me dit que votre existence ne saurait être que brillante. Celui qui sera votre mari ne pourra rester obscur.

— Je ne demande pas mieux qu’il en soit ainsi ; mais il me semble que cela devra dépendre beaucoup plus de lui que de moi.