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Où donc est mademoiselle Baker ? Donnez-moi la main, mademoiselle, les deux mains, je vous prie.

Ainsi parla M. Mac-Gabbery, tout en se débattant dans la fontaine de Siloé. Mais pendant ce temps, mademoiselle Waddington s’était retournée lestement et avait tendu la main à Bertram, qui, debout sur un rocher au-dessus d’elle, semblait — j’en rougis pour lui — avoir une grande envie de rire.

— Vous êtes un monstre, monsieur Bertram ! s’écria Caroline, jamais je ne vous pardonnerai. Si je m’étais fiée à ce pauvre M. Mac-Gabbery, j’aurais les pieds secs à l’heure qu’il est, Et secouant vivement le bas de sa jupe, elle mouilla l’herbe en cercle autour d’elle, comme eût pu le faire un chien de Terre-Neuve en sortant de l’eau. — Si je vous traitais comme vous le méritez, je vous enverrais à l’hôtel me chercher une paire de souliers.

— Envoyez-le, mademoiselle, envoyez-le tout de suite ; sans cela, j’irai moi-même, dit sir Lionel.

— Je suis à vos ordres, dit M. Cruse ; mon âne est excellent ; — et, tout en parlant, il enfourcha sa bête. Seulement, je ne saurais où trouver vos effets.

— Restez, monsieur Cruse ; je ne saurais pas vous dire où sont mes affaires. D’ailleurs, il n’est rien que j’aime mieux que d’avoir les pieds mouillés, — si ce n’est peut-être d’avoir des brides de chapeau trempées ; et c’est à M. Mac-Gabbery que je suis redevable de cette dernière satisfaction.

— C’est moi qui irai, dit M. Mac-Gabbery en sortant lentement de l’eau ; il va sans dire que c’est moi qui