avec une impétuosité qui la fit rejaillir jusqu’au visage de Caroline. Ce dévouement était superflu, car rien ne l’empêchait, sans même se mouiller les pieds, de tirer la jeune personne d’embarras ; mais il se disait qu’un malheur commun fait toujours naître, ou devrait toujours faire naître la sympathie. Une fois trempés jusqu’aux genoux, mademoiselle Waddington et lui ne seraient-ils pas tout naturellement rapprochés par leur infortune ? Ne feraient-ils pas cause commune, et ne rechercheraient-ils pas l’occasion de se redire les sensations que tous deux éprouvaient également ? Même ne se pourrait-il pas que, d’après le conseil de quelque sage personne de la société, ils fussent renvoyés ensemble à la ville pour y chercher des chaussures plus sèches ? Pour atteindre un tel but M. Mac-Gabbery se serait enseveli sous l’onde, en supposant que l’onde eût été assez profonde pour l’ensevelir. Il fit ce qu’il put, et l’eau, dépassant le niveau de ses souliers, les remplit fort agréablement.
— Oh ! monsieur ! s’écria l’ingrate Caroline, pour le coup, vous avez achevé de me noyer !
— De ma vie, je n’ai rien vu de si maladroit ! dit M. Mac-Gabbery en lançant à Bertram un regard qui aurait dû le faire rentrer sous terre.
— Ni moi non plus ! dit Caroline.
— Comment faire maintenant ? Donnez-moi la main, de grâce. Vous avoir quittée ainsi ! Nous nous tirions mieux d’affaire dans le désert, n’est-il pas vrai, mademoiselle ? Il faut que vous retourniez à Jérusalem pour y changer de chaussures, il le faut absolument.