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— Non, non, je vous en tiens quitte — d’autant plus que j’y ai déjà été moi-même et que je me suis crottée horriblement à la peine. Ah ! bon ! voilà mademoiselle Waddington à l’eau !

Il n’était que trop vrai : mademoiselle Waddington était tombée à l’eau. Non pas assez complètement, cher lecteur, pour vous causer la moindre inquiétude, mais de façon à ce que la chose lui fût fort désagréable, et que ses bas et ses bottines fussent tout à fait mouillés. George Bertram lui avait donné la main pour descendre, mais, en se retournant pour rendre le même service à une autre dame également aventureuse, il l’avait laissée seule debout sur les pierres glissantes. Toute jeune fille en pareille circonstance devait évidemment s’empresser de profiter de cet instant d’inadvertance pour provoquer une catastrophe ; mademoiselle Caroline n’y manqua pas.

Hélas ! ce ne fut pas tout. Par malheur, M. Mac-Gabbery avait été le premier à descendre dans la piscine. En homme rusé, il s’était dit que, vu l’étroitesse du passage, il se trouverait inévitablement chargé de recevoir dans ses bras celles de ces dames qui voudraient descendre et que mademoiselle Waddington, toujours très-aventureuse, serait du nombre. Mais George Bertram l’avait suivi d’un bond et l’avait privé même du bonheur de toucher le bout du gant de mademoiselle Waddington. Grâce à l’accident, M. Mac-Gabbery crut que la fortune allait lui donner sa revanche.

— Grands dieux ! s’écria-t-il, en sautant dans l’eau