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sable à El-Arish ? Quelle charmante journée que celle-là !

— Oui, mais ce n’est pas un incident très-charmant que vous me rappelez. J’ai failli tomber de cheval.

— Et comme nous avons attendu longtemps notre dîner à Gaza, quand les chameaux n’arrivaient pas ? Et M. Mac-Gabbery donnant de l’éperon à sa monture se trouva enfin sur le même rang que mademoiselle Waddington.

— Gaza me sera bientôt aussi odieux qu’à Samson, dit celle-ci à voix basse. Je me sens au pouvoir des Philistins chaque fois qu’on prononce ce nom.

— Si l’on parle de souvenirs, poursuivit M. Mac-Gabbery, ce voyage-là pourrait certes compter parmi les miens. Ç’a été un rayon de soleil dans mon existence.

— Un rayon de soleil des plus intenses, dit Caroline, car la chaleur avait été étouffante dans le désert.

— Ah ! oui, et bien doux ! Quel bonheur de camper sous la tente ; de préparer soi-même ses repas ; de tout porter pour ainsi dire avec soi ! La vie civilisée n’offre rien de comparable à cela. Celui qui s’est borné à aller de ville en ville et à se transborder d’un bateau à vapeur à un autre ne sait rien de la vie orientale, n’est-il pas vrai, mademoiselle ? Cette observation était à l’adresse de George, qui était arrivé à Jérusalem sans avoir couché une seule fois sous la tente.

— Les indigènes doivent alors bien peu connaître la vie orientale, dit George, car ils me paraissent avoir l’habitude de coucher dans leur lit aussi régulièrement