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complétaient la société. Sur le compte de la première de ces dames, je n’ai que quelques mots à ajouter à ce que j’ai déjà dit, et ces quelques mots seront, tout à sa louange. Mademoiselle Baker était une personne bien élevée, douce et bienveillante, très-dévouée à sa nièce, et fort peu disposée à s’imposer volontairement le moindre effort personnel. Qu’on ait pu la rencontrer à Jérusalem, à une telle distance de tous les conforts de son salon de Littlebath, suffit pour prouver combien son dévouement de tante était complet.

Et maintenant parlons de Caroline Waddington. Au moment où commence cette histoire, elle pouvait avoir vingt ans, mais sa taille, sa manière d’être et surtout le caractère très-marqué de sa physionomie auraient fait supposer quelques années de plus. C’était alors une très-belle personne, — belle par le contour et les traits du visage, pleine de grâce et de dignité dans le maintien, presque majestueuse parfois, — ressemblant, en un mot, à Junon plutôt qu’à Vénus. Mais le Pâris qui, troublé par sa dignité un peu sévère, l’aurait reléguée au second rang, n’aurait pu s’empêcher de s’avouer à lui-même son erreur. Elle était grande, mais pas au point de perdre la grâce féminine, et elle portait avec noblesse sa tête, fièrement posée sur un buste plein de souplesse et d’élégance. Ses cheveux, qui n’étaient pas noirs, mais bien d’une nuance de brun très-foncée, s’enroulaient en simples bandeaux autour du visage. C’étaient des cheveux longs et très-lustrés, doux et fins comme de la soie, et doués en outre, à ce qu’il semblait, de l’heureux pri-