Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus scrupuleuse exactitude. Madame Hunter se montrait généralement très-préoccupée de son pantalon, et M. Hunter ne l’était guère moins de l’absence chez lui de ce même vêtement. Ils mettaient l’un et l’autre leurs turbans d’un air dégagé, et portaient avec aisance leurs ceintures ; cependant ceux qui avaient eu occasion de voir M. Hunter se rouler dans la sienne, étaient d’avis qu’un jour ou l’autre il lui en arriverait malheur et qu’il serait atteint de vertiges. Mademoiselle Baker et sa nièce avaient rencontré ce ménage en route et il était censé faire partie de leur société.

Il devait y avoir encore un certain M. Cruse — celui-là même qui s’était montré si contrarié de l’absence de pommes de terre à la table d’hôte. Il voyageait comme gouverneur de M. Pott, un tout jeune homme dont les tendres parents défrayaient toute la dépense de l’expédition en Terre-Sainte. M. Cruse n’était pas d’un caractère heureux et rien ne lui semblait digne d’admiration. Il était assez bien de sa personne, célibataire, nullement dépourvu d’esprit et, somme toute, recevait de ces dames en général, au moins autant d’attention qu’il en méritait.

Quant à M. Mac Gabbery, il avait un instant donné à entendre qu’il ne se souciait pas d’être de la partie, mais il se laissa persuader par cette bonne mademoiselle Todd. Depuis le jour où George Bertram avait trouvé moyen de se placer à table entre mademoiselle Waddington et sa tante, M. Mac Gabbery avait affecté de se montrer absorbé par les émotions pieuses qu’éveillait en lui le séjour de Jérusalem. Jusque-là per-