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ment il vivrait. En embrassant une carrière, il choisissait l’occupation à laquelle il comptait dévouer ce que Dieu lui avait donné de puissance et de vie. Pères et mères, oncles et tantes, tuteurs et grands-pères ! n’était-ce point là chez un jeune homme une singulière façon d’envisager les choses ?

Voyant qu’ils ne pouvaient s’entendre, sir Lionel abandonna la question. Il était bien décidé à ne pas se rendre désagréable à son fils. De plus, comme il comptait ne lui faire aucune pension, ne lui donner aucune fortune, il comprenait à merveille qu’il n’avait le droit de donner son avis qu’autant qu’on le lui demanderait. D’ailleurs il tenait peu à conseiller son fils : il se tiendrait pour satisfait s’il parvenait à lui inculquer amicalement quelques — ne disons pas préceptes, ce mot est rude et désagréable, — quelques utiles notions au sujet de l’incalculable importance qu’il y avait pour lui à bien jouer sa partie à l’égard de M. George Bertram l’aîné. S’il réussissait, tout en causant, à faire comprendre cela à George sans l’offenser, il n’en demanderait pas davantage.

Sir Lionel changea de conversation et se mit à bavarder avec son fils de choses et d’autres, — d’abord d’Oxford, puis de Wilkinson, de Harcourt, et enfin, petit à petit, ils en revinrent à l’oncle George.

— Dis donc, George, quelle sorte de maison mon frère tient-il à Hadley ? Autrefois c’était terriblement ennuyeux.

— Ma foi, oui ; Hadley est assez ennuyeux. Mais ce n’est pas que mon oncle lui-même soit ennuyeux ; je