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que toutes les circonstances de sa vie il avait été dépassé par lui. Au moment même où Wilkinson apprenait son échec, il apprenait aussi que Bertram avait atteint l’objet de son ambition. George Bertram était un double-premier, — le seul parmi les étudiants de son année.

Ces deux jeunes gens devant jouer les principaux rôles dans ce récit, je vais tâcher de les faire connaître au lecteur. Je le ferai aussi brièvement que possible, et, puisque George Bertram semble être le préféré de la Fortune, je commencerai par lui.

Son père vivait au moment où débute cette histoire, mais George ne le connaissait guère. Sir Lionel Bertram avait été un soldat de fortune, — ce qui veut dire assez généralement, je crois, un soldat sans fortune, — et en cette qualité, il combattait encore, en quelque sorte, pour sa patrie. Pour l’instant, et depuis tantôt cinq ans, il occupait en Perse une position quasi militaire ; antérieurement il avait servi au Canada, dans les Indes, au cap de Bonne-Espérance, et il avait été employé à je ne sais quelle mission spéciale à Montevideo. Il avait donc beaucoup vu le monde, mais fort peu son fils unique. La mère de George était morte jeune, et sir Lionel Bertram avait parcouru le globe, libre de toute entrave.

Le révérend Arthur Wilkinson, ministre de Hurst Staple, village limitrophe entre le Humpshire et le Berkshire, avait épousé une cousine germaine de la femme de sir Lionel. Quand donc le jeune George Bertram, à l’âge de neuf ans, se trouva sans famille qu’il pût appe-