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de la mosquée, Bertram redescendit de la colline. Le chemin n’était pas long jusqu’à Jérusalem, même pour gagner le centre de la ville ; mais quel chemin ! À gauche, la vallée, la vallée de la Résurrection, toute semée de tombes, pierres plates, basses et trapues, conservant toutes, sans exception, des traces de quelque courte épitaphe hébraïque qui a survécu pendant des siècles. À droite était le mont des Oliviers, qui est encore aujourd’hui suffisamment couvert d’oliviers pour mériter son nom comme autrefois. Puis il passa à côté du jardin de Gethsémani, qui n’est plus qu’un jardin entouré de murs où l’on cultive toutes sortes d’herbes potagères. Il contient un arbre, un très-vieil olivier, au sujet duquel la tradition raconte des merveilles. C’est un vieux moine latin qui en prend soin, un Espagnol, je crois, — du moins il a toute la courtoisie d’un Espagnol.

C’est là, ou tout près de là, sur le coteau voisin, que Jésus demanda à ses disciples « s’ils ne pouvaient veiller une heure ? » Bertram, en passant au même lieu, ne se fit pas la même question, mais il aurait pu à bon droit se l’adresser.

Enfin il rentra à la ville en gravissant la montée rapide, sur le versant du mont Moriah, jusqu’à la porte de Saint-Étienne, et se trouva en face de l’entrée de la mosquée, que de farouches derviches gardent de la souillure, même accidentelle, d’un pied chrétien. De là jusqu’à son hôtel, chaque pouce de terrain était, dans un certain sens, sacré, mais se trouvait déshonoré par le mensonge traditionnel. Chaque acte de la vie