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être battu par Jones ! Si c’eût été Green ou Smith, il en aurait pris son parti. N’eût-il pas mieux valu faire comme les autres ? Il se serait résigné à rester confondu dans la foule ; mais quoi de plus humiliant que d’être second, — et second à la suite de Jones !

De tout ce monde-là, Jones seul est satisfait ; et encore faut-il ajouter que son médecin lui ordonne de passer deux hivers au Caire, l’excès de travail ayant mis ses poumons en grand danger.

C’était à l’université d’Oxford en 184… — Un jeune homme, malheureuse victime d’un concours où il avait échoué, était assis dans son logement d’étudiant au collège de Balliol. Ç’avait été de la plus grande importance pour lui d’être un premier en classique, et il avait été jusqu’à rêver la position de double-premier (double-first). Il avait été déçu dans l’un et l’autre espoir. Les listes venaient d’être publiées et il ne se trouvait être que de seconde classe. Or, on ne fait pas grand cas d’un homme de seconde classe au collège de Balliol, et de plus il perdait l’espoir d’obtenir immédiatement son titre d’agrégé (fellowship)[1].

Ce n’était pas encore là le pis. Arthur Wilkinson, — c’était le nom du jeune homme, — avait, depuis son enfance, couru dans l’arène côte à côte avec un certain ami et rival nommé George Bertram, et dans pres-

  1. J’ai traduit le mot de fellow par celui d’agrégé, qui en rend jusqu’à un certain point le sens. Il y a cependant de grandes différences entre l’agrégation, telle que nous l’avons, et le fellowship — dans le traitement d’abord, et puis en ceci : on perd le fellowship en se mariant. (Note du Traducteur.)