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bas, dans cette église des lieux saints, voir c’est douter.

C’est du côté du mont des Oliviers que se dirigea Bertram, et, s’étant assis au revers de la colline, il contempla Jérusalem, jusqu’à ce que le court crépuscule d’un jour de Syrie eût disparu et qu’il ne pût plus distinguer les objets merveilleux sur lesquels ses yeux étaient encore arrêtés. Merveilleux entre tous ! Là, devant lui, se dressaient sur la colline les murs de Jérusalem, — car la cité est encore enclose aujourd’hui, — s’étendant de colline en colline en une ligne irrégulière, mais continue ; à gauche était la montagne de Sion, — la montagne de David, — qu’habitent encore presque exclusivement les Juifs. Voilà le quartier des Juifs et leur hôpital, que desservent des médecins anglais, et qu’entretient l’argent anglais ; et voilà aussi tout près de la porte de David, à côté du grand couvent neuf des Arméniens, au milieu des décombres, une Colonie de lépreux.

Dans la ville, — mais n’en faisant point partie, — à l’intérieur de ses murs, — mais avec défense d’en parcourir les rues, — vit cette race de parias, misérable entre toutes. De père en fils, de la mère à la fille, se transmet la maladie horrible, immonde, — héritage inévitable qui rend le corps hideux et qui imprime à la physionomie divine de l’homme la stupide mélancolie d’une face de singe. Qui pourra dire la silencieuse tristesse, l’abattement morne de ces visages pâles, lourds et désossés, sans contour et sans pensée ? Nul travail journalier ne leur apporte l’appétit ou le repos ; leur destinée leur défend le travail, comme