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ples se reposer tandis qu’il se retirait pour prier tout seul ; le versant de la colline où l’ange lui apparut pour le fortifier, et où Judas et la multitude vinrent le saisir ; Béthanie, la ville de Marthe et de Marie, « à quinze stades de Jérusalem, » où Lazare fut ressuscité ; le lieu d’où Jésus envoya chercher l’ânesse et son ânon ; le sentier qui de là mène à la ville, et qu’il parcourut quand la foule cria : « Hosanna au fils de David ! » — cette même foule, qui vint le chercher plus tard armée d’épées et de bâtons ; tous ces lieux, on les retrouve tels qu’ils étaient de son temps, et non-seulement on peut y croire, mais il est impossible de n’y pas croire. Ce sont là les véritables lieux saints de Jérusalem que Grecs et Latins ne se disputent pas, que des Turcs solennels ne gardent pas en buvant leur café, et qui demeurent ouverts à tout venant, sous la voûte des cieux. Ils restent assez déserts même pendant les pèlerinages de Pâques, et chacun peut y aller pour rêver en liberté et dans la solitude à la merveilleuse histoire de la cité qui lui fait face.

Mais qu’est-ce donc qui témoigne si fortement en faveur de l’authenticité de ces lieux ? Pourquoi suis-je convaincu que c’est bien ici le mont des Oliviers, que ce ruisseau est le torrent du Gédron, et que le hameau de l’autre côté est véritablement Béthanie ? Pourquoi cette certitude, quand ailleurs j’ai tant de doutes ? Je ne pourrais le dire au juste, — surtout dans les pages d’un roman. Mais chacun de nous peut s’en assurer par lui-même : ici, pour le chrétien protestant, voir c’est croire, de même que là-