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commencée, quand il arriva à l’église ; il eut, en conséquence, le temps d’inspecter à la suite de son drogman toutes les merveilles variées de cet étonnant édifice.

On sait assez généralement aujourd’hui ce que contient l’église des lieux saints ; mais ceux qui ne l’ont pas vue, ou, pour mieux dire, ceux qui ne l’ont pas vue pendant les fêtes de Pâques, ne peuvent pas complètement se rendre compte de toutes les absurdités qu’elle renferme et du genre de dévotion qu’elle inspire. Bertram visita d’abord les cinq églises qui se sont groupées sous le même toit. Les Grecs sont de beaucoup les mieux traités ; leur châsse est resplendissante, leur temple spacieux et, jusqu’à un certain point, imposant. Les Latins, autrement dit les catholiques romains, sont beaucoup moins bien logés, et leur clinquant est bien plus terni. De plus, les Grecs possèdent le trou dans lequel était plantée — à leur dire — la croix du Sauveur, tandis que les Latins ont dû se contenter de l’emplacement où furent crucifiés les deux larrons. L’église des Arméniens, pour laquelle il faut descendre jusque dans les entrailles de la terre, a de moindres prétentions encore ; elle est plus terne, plus obscure et plus sale ; mais elle rappelle la nef de Saint-Pierre quand on la compare au pauvre autel de bois des Abyssiniens, ou à ce sombre caveau où prient les chrétiens de Syrie, et dans lequel on a peine à distinguer, tant l’obscurité est grande, son unique ornement : une petite image mal faite du Rédempteur crucifié.

Ceux qui connaissent les pompes de l’église catho-