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de se placer entre la tante et la nièce. Mais M. Mac Gabbery ne se laissa pas évincer sans résistance. Quand il s’aperçut qu’un intrus tâchait de chasser sur ses terres, il fit des efforts de conversation désespérés ; il parla plus que jamais d’Ajalon et il émit plusieurs théories très-hasardées au sujet d’Emmaüs ; il rappela sans relâche tous les incidents intéressants de leur voyage : combien ils avaient été fatigués à Gaza, où il avait travaillé comme un nègre pour ces dames, et combien mademoiselle Baker avait eu peur dans les environs d’Arimathie, lorsque lui, M. Mac Gabbery, avait cru devoir s’assurer de l’état de ses pistolets, à la vue de trois ou quatre hommes ayant tout à fait l’air de Bédouins et qui rôdaient autour d’eux. Mais rien n’y fit, mademoiselle Waddington commençait à en avoir assez de Gaza et d’Arimathie, et mademoiselle Baker préférait évidemment s’enquérir des nouvelles de Londres. De sorte que peu à peu M. Mac Gabbery se fit silencieux et digne ; enfin il se réfugia dans un coin et se renferma dans ses impressions personnelles et dans l’étude d’une carte de la Palestine.

Bertram, de son côté, fortifié par le repos de la nuit et un bon déjeuner, retrouva toutes ses belles et nobles aspirations et, sous leur influence, se disposa à faire sa première visite à l’église du Saint-Sépulcre. On était au dernier dimanche du carême, et il se décida à aller entendre la messe dans la chapelle grecque afin de se rendre compte de la dévotion que pourrait ressentir un protestant anglais à la vue de ce culte étranger. Mais une messe était finie, et la suivante n’était pas