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morales et physiques en la présentant au lecteur, mais j’ai déjà fait preuve de négligence, à l’égard d’Adela Gauntlet, et je sens qu’une héroïne a des droits imprescriptibles. Seulement nous ajournerons la description ; mademoiselle Waddington entrera bientôt en scène, et il sera temps alors de la peindre.

Il suffit pour l’instant de dire qu’elle était orpheline, que depuis la mort de son père elle avait vécu avec sa tante, mademoiselle Baker, dans la ville de Littlebath ; que, d’après ses instances, mademoiselle Baker avait visité l’Égypte, remonté le Nil, traversé le petit Désert, enfin était allée du Caire à Jérusalem ; que mademoiselle Baker, lasse du monde oriental, n’aspirait plus qu’à rentrer à Littlebath, tandis que sa nièce, plus enthousiaste et plus jeune surtout, lui proposait d’aller à Damas et au Liban, de voir Beyrouth et Smyrne, et de revenir ensuite en Angleterre, en passant par Athènes et Constantinople. Si George Bertram eût pu entendre la façon dont mademoiselle Waddington parlait de son voisin de table, lorsqu’elle se fut retirée avec sa tante dans leur chambre, et s’il eût pu entendre aussi ce que la tante disait de lui, George Bertram, il aurait été moins maussade.

— M. Mac Gabbery est un imbécile, ma tante. Je suis sûr qu’il a de longues oreilles qu’il cache. Ah ! qu’il m’ennuie ! Ne pourrions-nous partir pour Damas demain ?

— Si nous partions, il viendrait avec nous, je pense. (M. Mac Gabbery avait fait partie de la société de ces dames en traversant le désert.)