Il n’aurait plus d’inquiétude sur le sort de sa fille dont l’avenir serait assuré, mais maintenant l’histoire qu’elle avait à raconter n’était pas agréable. Elle devait dire que sa tante n’avait fait aucune disposition en sa faveur, et à cela devait se borner son récit. Elle ne pouvait dire un mot des quarante mille francs, étant plus résolue que jamais, après ce qui s’était passé entre elle et le capitaine Aylmer, à ne pas les accepter. Elle ne parlerait pas non plus à son père de l’engagement contracté un jour et rompu le lendemain. Pourquoi ajouter à son chagrin en lui montrant le sort heureux qu’elle aurait eu si elle avait voulu ? Non, elle lui parlerait seulement du testament, et tâcherait de le consoler de son mieux par son affection.
Quant à sa position vis-à-vis du capitaine Aylmer, plus elle y pensait, plus elle était convaincue que tout était fini entre eux. Aylmer était trop content d’être libre pour se risquer de nouveau, et quant à elle, bien qu’elle l’aimât encore (et elle pleurait sous son voile dans le coin de la voiture, en songeant à ce qu’elle avait perdu), elle ne l’accepterait pas, dût-il la supplier. Non, aucun homme ne la regarderait jamais comme un fardeau imposé par une promesse imprudente. Elle repassait dans sa mémoire les paroles pénibles qu’elle avait entendues, pour s’affermir dans sa résolution : mais en approchant de Belton, elle sentit le courage