Comme M. Amadroz n’avait près de lui aucun voisin menant grand train, que dans ce pays reculé la vie est à bon marché, et qu’avec ce revenu il ne pouvait être question d’aller chaque année passer quelque temps à Londres, M. et Mme Amadroz auraient été en fort bonne situation si la femme avait vécu ; mais elle mourut jeune, et les difficultés de Bernard Amadroz commencèrent.
Et cependant le mal vint moins de lui que de son terrible fils. Charles était un garçon intelligent, et son père, se reconnaissant inférieur en ce point, était fier de lui. À la suite d’une espièglerie, l’enfant fut renvoyé d’Harrow. Pour se venger d’un fermier qui s’était plaint des ravages de quelques bassets, il avait coupé toutes les têtes d’une plantation de jeunes sapins. Son père parut glorieux de cet exploit. Quand il fut rayé des registres de Trinity-College à Oxford, M. Amadroz se montra moins satisfait. Le jeune homme alla mener à Londres une vie de désordres, et son père ne fit rien pour le retenir. Alors commença la vieille histoire des dettes et des mensonges sans fin. M. Amadroz paya en deux ans plus de deux cent cinquante mille francs, abandonna l’assurance sur sa vie qui devait être l’unique ressource de sa fille, et le résultat de tous ces sacrifices fut que, à la suite de nouvelles pertes aux courses de Newmarket, Charles Amadroz se brûla la cervelle.