Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de prières dans lequel elle lisait au commencement de la conversation. On aurait pu la croire endormie, si à un imperceptible mouvement des lèvres on n’avait deviné qu’elle priait.

À la fin, les lèvres cessèrent de se mouvoir, et Clara vit que sa tante, qui ne dormait presque pas la nuit, avait cédé au sommeil. Clara resta immobile dans une demi-obscurité, livrée à des réflexions assez tristes. Elle était elle-même à moitié endormie, quand le capitaine Aylmer rentra. Ils causèrent quelque temps à voix basse, mais mistress Winterfield, dont le sommeil était très-léger, se joignit bientôt à la conversation. Pendant le thé, elle fit raconter à son neveu le dîner du maire ; comment le recteur avait dit les prières avant le dîner et le vicaire après ; comment la soupe n’était pas mangeable.

« Cependant la femme du maire a été femme de charge dans une maison où l’on vivait bien, » dit mistress Winterfield.

Les saintes personnes comme mistress Winterfield se permettent parfois ces petites remarques malicieuses, quitte à s’en repentir sincèrement plus tard.

Lorsque la vieille dame fut retirée dans sa chambre :

« Je ne pense pas qu’elle vive encore longtemps, dit le capitaine Aylmer.