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— Rien de plus, mistress Askerton.

— Vous en êtes sûre ?

— Tout à fait sûre. Mais je ne puis comprendre pourquoi on ferait de telles suppositions, parce que nous sommes appelés à nous voir intimement et que nous avons de l’amitié l’un pour l’autre. Will est mon plus proche parent, et, depuis la mort de mon pauvre frère, il est l’héritier de mon père. Il est si naturel qu’il soit mon ami, et je trouve une si grande consolation dans son amitié qu’il me semble cruel, je l’avoue, d’être l’objet de tels soupçons.

— Soupçons, ma chère, quels soupçons ?

— Ce n’est pas que je m’en soucie, Je suis décidée à l’aimer comme un frère. Je l’admire pour son énergie et sa bonté. Je suis fière de lui comme mon ami et mon cousin, et maintenant vous pouvez soupçonner ce qu’il vous plaira.

— Mais, ma chère, pourquoi ne deviendrait-il pas amoureux de vous ? Ne serait-ce pas ce qui pourrait arriver de mieux ?

— Je hais cette manière de parler. Comme si une femme n’avait autre chose à penser toutes les fois qu’elle voit un homme.

— Une femme n’a rien autre chose à penser.

— Quant à moi, j’ai beaucoup d’autres choses à penser, et lui aussi.

— Il y a bien là de quoi vous fâcher ! Votre indignation est superbe.