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Mistress Askerton s’arrêta court au milieu de sa phrase et le colonel regarda Clara avec un sourire malicieux. Elle se sentit rougir. N’était-il pas cruel qu’elle ne pût dire un mot en faveur d’un ami, d’un cousin qui avait promis d’être un frère pour elle, sans encourir de telles insinuations. Mais elle était résolue à ne pas se laisser déconcerter.

« Je suis sûre, dit-elle, qu’il est incapable d’aucun manque d’égard ou de courtoisie.

— Il n’y aurait là aucun manque de courtoisie. Je n’en serais pas offensé. Je transporterais seulement mes pénates ailleurs. Dites-lui, je vous prie, que j’espère avoir le plaisir de le voir avant son départ. J’ai été hier au château dans cette intention, mais il était sorti.

— Il va venir me chercher dans un moment. »

Mais le cheval du colonel était à la porte, et il ne pouvait attendre l’arrivée de M. Belton.

« Quel phénix que ce cousin ! dit mistress Askerton dès que son mari fut parti.

— C’est un excellent garçon ; il est si plein de vie et d’énergie, et il a fait tant de bien à mon père ! Papa ne pouvait supporter l’idée de la venue de Will, et il commence déjà à se plaindre parce qu’il va s’en aller.

Will déjà ?

— Et pourquoi pas Will ? Il est mon cousin.

— Et ne sera-t-il rien de plus ?