peut-être aimera-t-elle mieux épouser un habitant de Londres qu’un garçon qui passe sa vie à la campagne ; mais personne ne pourrait l’aimer davantage ni la traiter plus doucement. Ne seriez-vous pas content, monsieur, de savoir votre petit-fils possesseur de Belton ? Mais, sans parler de cela, je ne suis pas mal dans mes affaires et pourrais lui donner tout ce qu’elle voudrait ; mais peut-être ne se soucie-t-elle pas d’épouser un fermier, » ajouta-t-il d’un ton mélancolique.
Le squire avait écouté sans dire un mot, et quand Belton eut cessé de parler, il ne trouvait rien à lui répondre. C’était un homme dont les idées sur les femmes étaient chevaleresques et peut-être un peu surannées. Sans doute, lorsqu’il s’agit de mariage, rien de mieux que de s’adresser d’abord au père. Mais M. Amadroz pensait qu’on devait aborder le sujet à mots couverts et avec une grande délicatesse. Au lieu de cela, ce jeune homme, qui n’avait pas été trois jours chez lui, semblait persuadé qu’il lui donnerait sa fille aussi promptement qu’il lui avait cédé sa terre.
« Vous me surprenez beaucoup, dit enfin le squire.
— Clara me paraît être la femme qui me convient.
— Mais vous ne la connaissez pas depuis bien longtemps, monsieur Belton ?
— Je sais qui elle est et d’où elle vient, et c’est beaucoup. »