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féminine, elles tourmentent ceux qui les aiment. Il est vrai qu’elles se tourmentent tout autant elles-mêmes. Vous trouviez l’autre jour que votre cousin ne devait pas de longtemps vous parler de son amour, et vous êtes désespérée parce qu’il ne vous fait pas de déclaration devant le colonel Askerton, dans une entrevue d’affaires où il a eu le bon goût de ne traiter que ce sujet.

— Que va-t-il faire maintenant ?

— Il va dîner, il est près de cinq heures, et votre père dînait à cinq heures.

— Je ne peux pas aller voir Mary avant qu’il soit revenu.

— Il reviendra assez vite : je ne serais pas étonnée qu’il fût ici ce soir. »

En cela, mistress Askerton se montra bon prophète.

Lorsque Will Belton eut terminé son entrevue dans le cabinet du colonel, il s’en alla errer à travers la propriété qui était maintenant la sienne. C’était une belle terre, et il n’était pas insensible à la satisfaction d’en être possesseur. C’est un grand bonheur que de se sentir propriétaire du sol, même quand cette propriété est de date récente. Mais quand il s’y joint les souvenirs de famille et l’orgueil de race, le bonheur est plus que doublé. Les Belton de Belton avaient vécu là pendant plusieurs siècles. Leur descendant revenait à la demeure de