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En une seconde elle avait la main dans celle de son cousin, et il la regardait de ses yeux brillants, avec cette expression d’ardente affection qui rendait sa physionomie si agréable à ceux qu’il aimait.

« Votre cousin m’a fait part des arrangements qu’il a pris dans votre intérêt avec les hommes d’affaires, dit le colonel Askerton ; tout ce que je puis dire, c’est que je voudrais que toutes les dames eussent des cousins si généreux et si capables de l’être.

— J’ai pensé que je devais voir d’abord le colonel, parce que vous êtes chez lui. Quant à de la générosité, il n’en est rien. Il faut que vous sachiez, Clara, qu’un homme ne peut pas faire ce qu’il veut de son bien dans ce pays-ci. J’ai été tellement harcelé par les gens de loi que j’ai été obligé de leur céder. J’aurais voulu que vous eussiez la vieille maison pour en faire ce qu’il vous plairait.

— C’était impossible, Will.

— Certainement, » dit le colonel. Et voyant que Belton ne poursuivait pas, il expliqua à Clara la situation qui lui était faite.

« Mais c’est tout aussi impossible, dit-elle. Je ne peux pas vous voler de cette manière. Qu’ai-je besoin d’un pareil revenu ? J’étais décidée à accepter quelque chose de votre bonté, ne fût-ce que pour l’honneur de la famille, et si vous aviez parlé de cinq mille francs par an…