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Mrs Winterfield, se faisant l’écho de quelques rumeurs, avait en vain cherché à prémunir sa nièce contre le danger de cette liaison soudaine. Celle-ci était décidée à défendre Mrs Askerton contre tous venants, et ne tint aucun compte des avertissements qui lui furent donnés.

Aussitôt que Clara fut informée de la visite de son cousin, elle alla l’annoncer à son amie qui l’approuva sans réserve. « Sans doute, dit-elle, il vient voir s’il ne peut pas arranger les affaires en vous épousant, et c’est ce qui pourrait arriver de plus heureux ; à votre place je ne le laisserais pas partir avant de l’avoir vu à mes pieds, si toutefois les hommes se mettent encore dans cette posture suppliante, ce dont je doute. » Clara prit fort mal la plaisanterie et y coupa court en quittant le cottage.

Au jour désigné, Belton arriva dans un cabriolet loué à Taunton. M. Amadroz avait affecté tout le jour la plus complète indifférence ; mais, en entendant le bruit des roues, il quitta précipitamment son fauteuil et s’avança dans le vestibule. Clara le suivit et se trouva sans savoir comment, échangeant des poignées de main avec un grand garçon large d’épaules, ayant de grands yeux gris brillants, le nez droit, la bouche grande, les dents presque trop parfaites, d’épais cheveux bruns coupés courts et de petits favoris lui venant à moitié des joues. Clara n’avait jamais vu physionomie plus ouverte.