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— Il désire que je vous parle de l’ardent amour qu’il vous porte. »

— Chère Mary, ne pourriez-vous tenir tout cela pour dit ? C’est là un vieux chagrin qu’il ne faut pas réveiller.

— Non, dit Mary, je ne puis pas tenir cela pour dit. »

Clara la regarda, et fut surprise du feu qui brillait dans les yeux de cette femme si frêle et de l’énergie de son accent.

« Je ne veux pas avoir de vous si mauvaise opinion que de croire que vous ne tenez pas grand compte des paroles d’un tel homme. Je ne vous dirai pas que vous devez l’aimer, cela ne dépend pas de vous. Mais si vous ne pouvez l’aimer, cette pensée doit vous faire souffrir.

— Je ne puis pas être de votre avis, Mary.

— Sa vie n’est-elle donc rien ? Ne connaissez-vous pas l’amour qu’il a pour vous. Comprenez-vous que vous êtes tout pour lui, qu’il vous sacrifierait jusqu’à sa vie même ? Savez-vous cela ? »

Clara ne voulut pas répondre d’abord à ces questions. Quand elle aurait su tout cela, était-elle obligée de se sacrifier ? Est-ce le devoir d’une femme d’accorder ce qu’on lui demande, uniquement parce qu’on le lui demande ? Tel était l’argument qu’elle se voyait amenée à employer.

« Mais, Mary, dit-elle, si je ne l’aime pas ? L’a-