lettres de William, ne disait pas un mot de ses intentions. Dans les longues conversations des deux cousines, Mary n’avait jamais fait la moindre allusion à l’amour de son frère, et Clara en était venue à se persuader que Mary n’avait pas l’intention de plaider la cause de Will, que peut-être même les sentiments de Will avaient changé, puisque sa sœur se taisait.
Un matin, Mary dit tout à coup :
« Je viens de recevoir une lettre de Will. Il compte être ici la semaine prochaine.
— Vraiment ! »
Clara fut obligée de faire un effort pour dissimuler l’émotion causée par cette nouvelle soudaine. En une seconde, elle eut recouvré assez de présence d’esprit pour ajouter, avec l’hypocrisie habituelle des femmes :
« Je suis bien aise de l’apprendre ; il fait bien de venir.
— Il m’a prié de vous dire un mot sur le motif de son voyage.
— Quel est ce mot ? dit Clara en riant. J’espère que ce n’est pas que je dois faire mes malles et m’en aller ailleurs. Mon cousin William est une de ces personnes disposées à tout faire pour vous, excepté ce que vous demandez d’elles. Il insiste pour me donner le domaine de Belton, tandis que je voudrais savoir si j’aurai douze francs par semaine pour vivre.