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— Alors, je suppose que lady Aylmer est fâchée que vous soyez ici. Je le regrette d’autant plus que c’est une démarche inutile.

— J’espère que non. J’ai entrepris le voyage du Yorkshire ici, dans l’intention de rétablir la paix entre vous et ma mère. Pourquoi me recevez-vous comme si vous étiez résolue à ne jamais oublier votre malheureuse querelle ?

— Capitaine Aylmer, je trouve que votre mère m’a indignement traitée : personne ne m’ôtera cette conviction. Je suis fâchée d’avoir été amenée à vous dire cela. Votre mère et moi, capitaine Aylmer, nous sommes si opposées l’une à l’autre de sentiments et d’opinions, qu’il est impossible que nous soyons amies, impossible que nous ne soyons pas ennemies, si nous sommes mises en contact. »

Elle prononça ces paroles avec une grande énergie, le regardant fixement en parlant. Il était assis près d’elle sur une chaise, se penchait vers elle, tenant son chapeau des deux mains entre ses genoux. En écoutant les dernières paroles prononcées par Clara, il rapprocha sa chaise, se débarrassa de son chapeau qu’il plaça sur le tapis, et resta les yeux fixés sur elle comme s’il eût été fasciné.

« Je suis fâché de vous entendre parler ainsi, dit-il.

— Il vaut mieux dire la vérité.

— Mais, Clara, si vous avez l’intention d’être ma femme ?…