d’abnégation, généreuse, guidée dans toutes ses actions par des motifs religieux. Elle haïssait le péché tout en tâchant de ne pas haïr le pécheur, mais elle se croyait obligée d’exprimer en toute circonstance son horreur du mal. Combattre le démon sans relâche était sa mission ici-bas. On ne peut nier qu’une tante de ce caractère ne soit apte à rendre la vie sérieuse. D’amusements, on n’en reconnaissait pas la nécessité à Perivale. La nourriture et le Vêtement sont des nécessités, et, dans la maison, on était bien habillé et bien nourri. Les femmes du caractère de mistress Winterfield ont généralement de bonnes tables. Elles pensent que les aliments doivent être dignes des prières que l’on dit avant le repas. Mistress Winterfield était toujours vêtue d’une épaisse robe de soie noire, presque neuve, et donnait discrètement ses vieilles robes à une dame bien née, mais pauvre. Elle avait un petit phaéton à un cheval mené par un cocher solennel en houppelande grise et gants de coton blancs, et allait au pas dans cet équipage faire ses visites de charité. Ces promenades étaient la seule distraction de sa vie. Il est douteux qu’il en fût de même pour Clara.
Mistress Winterfield était grande, maigre, et portait d’étroits bandeaux de faux cheveux. Elle avait les yeux enfoncés, les joues creuses, paraissant toujours sous le poids de l’affliction causée par ses propres malheurs en cette vie, et par ceux des autres