précipitait au son de la cloche de sa mère dont elle avait une grande frayeur ; quant à Frédéric Aylmer, il entrait rarement dans la salle à manger avant que les prières ne fussent finies. À Perivale il eût été plus régulier, mais à Perivale il y avait intérêt. Pendant ses cinq minutes de solitude, lady Aylmer distribuait les lettres sur les assiettes, non sans regarder le timbre. Ce jour-là elle vit pour son fils une lettre de Clara.
L’arrivée de cette lettre fut annoncée à Frédéric avant qu’il ne fût assis.
« Frédéric, dit lady Aylmer de sa voix la plus majestueuse, je suis bien aise de vous dire qu’à la fin voilà une lettre de Belton. »
Il ne répondit pas ; mais, gagnant lentement sa place, il prit la lettre dans sa main, la retourna un moment et la mit dans sa poche. Puis il commença à manger son œuf et à boire son thé. Pendant trois minutes sa mère s’efforça d’en faire autant, mais l’impatience la gagnant :
« Ne voulez-vous pas lire votre lettre, Frédéric ? dit-elle.
— Certainement je la lirai, madame.
— Mais pourquoi pas maintenant, quand vous savez combien nous sommes inquiets ?
— Il est des lettres qu’on aime mieux lire en particulier.
— Mais quand le sujet est si important ? dit Belinda.