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— Qui sait ? peut-être en sera-t-il ainsi. Mais toutes ces choses sont si incertaines, qu’un homme a tort d’y attacher son bonheur. »

Trois semaines se passèrent, et Belton ne parlait pas de départ. Pendant ce temps le nom de mistress Askerton ne fut pas prononcé, et il fut rarement parlé du capitaine Aylmer. Cette réserve rendait la conversation difficile entre Will et Clara. Quant à M. Amadroz, il était de mauvaise humeur contre le monde entier, et Belton avait souvent besoin de toute sa patience.

Pendant la visite de son cousin, Clara reçut deux lettres du capitaine Aylmer, qui passait les fêtes de Noël dans sa famille. Ces lettres faisaient fort peu mention de sir Anthony, son père, mais étaient pleines de lady Aylmer, des espérances de lady Aylmer, des craintes de lady Aylmer. Clara, ne devant pas épouser lady Aylmer, était persuadée de pouvoir maintenir son indépendance, tant que son mari prendrait son parti plutôt que celui de sa mère ; et comme les premières lettres du capitaine contenaient l’expression d’un amour sincère, Clara passa facilement sur tout le reste. La troisième lettre arriva la veille du départ de Will, et comme elle a rapport à des matières importantes pour notre histoire, nous allons la donner tout entière, espérant que nos lecteurs y trouveront un spécimen de l’épître qu’ils ne doivent pas écrire à leur fiancée :