de frère maintenant, puisqu’elle s’était confiée à cet homme. Pourquoi Belton s’occuperait-il encore de ses affaires ? Alors il se dépeignit le capitaine Aylmer dans l’avenir, comme un homme ruiné, qui probablement abandonnerait sa femme et se rendrait généralement odieux à toutes ses connaissances. Je dois dire que le caractère du capitaine ne donnait pas grande probabilité à ce tableau.
Ce fut pourtant cette peinture de fantaisie qui commença d’adoucir le cœur du pauvre Will : quand Clara et ses enfants (car il créait au capitaine une famille imaginaire) seraient ruinés et abandonnés, alors il serait de nouveau son frère, et le protecteur de ses orphelins, car il tuait le capitaine, le faisant mourir d’une mort ignominieuse, bien qu’indéterminée. En songeant aux enfants qui devaient naître de ce mariage abhorré, Will parcourait les rues en se livrant à une gesticulation dont on ne l’aurait jamais cru capable. Mais le caractère d’un homme ne doit pas être jugé par les rêves auxquels il peut s’abandonner dans ses heures solitaires. Ceux qui agissent avec la sagesse la plus consommée dans les affaires de ce monde, méditent souvent les actes les plus insensés. Je demande donc que M. Belton soit jugé par sa conduite du lendemain matin. Quand la lassitude le força à rentrer, il se mit au lit l’esprit un peu calmé par la fatigue physique, et s’endormit en pleurant comme un petit enfant.