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que le livre n’avait pas été déplacé. Il prit alors la résolution de ne plus le regarder, à moins qu’il ne se décidât à révéler ce qu’il contenait. Son cou s’endolorit par les efforts qu’il fit pour le tenir immobile.

Cette nuit, il écrivit la lettre suivante à sa cousine :


« Ma chère Isabel,

« Je suis allé aujourd’hui à Carmarthen, et, en présence de M. Apjohn, j’ai signé un acte par lequel une charge de quatre mille livres, en votre faveur, est mise sur la propriété. Il a établi que vous aviez tout droit à recevoir cet argent, et j’ai été de son avis. Je n’ai jamais hésité là-dessus, depuis la lecture du testament de mon oncle. L’agent qui reçoit les rentes vous remettra cent livres tous les six mois, pendant les deux années suivantes. Après ce temps, j’aurai pu réaliser de l’argent, et vous serez complètement payée.

« Vous n’avez pas à considérer ce que je fais comme une faveur. J’ai parfaitement compris ce que vous m’avez dit. Je ne le méritais pas, je pense, et, après tout ce que m’a fait souffrir cette affaire de testament, vos paroles ont été bien cruelles. Ce n’est pas ma faute si mon oncle a changé plusieurs fois ses intentions. Je ne lui ai jamais demandé la propriété. Je ne suis venu à Llanfeare que sur son appel. Je n’ai pris possession de la propriété que quand M. Apjohn m’a dit de le faire. Si j’ai pu vous être désagréable, ce n’est pas par ma faute. Je crois que vous devriez avoir quelques remords de ce que vous m’avez dit sitôt après la mort de notre vieil oncle !

« Mais tout cela n’a rien à faire avec l’argent, que, naturellement, vous voudrez bien recevoir. Quant à moi, je ne crois pas que je continue à habiter Llanfeare. J’y suis comme dans un nid de guêpes que